24 juillet 2006

Pourquoi Google devrait acquérir un OCR



Tout d’abord, qu’est-ce qu’un OCR (ROC en français) ? Réponse ici.

Maintenant, imaginez ceci : vous lancez cet OCR made in Google et que voyez-vous ? Une fenêtre très allégée, claire et simple, délimitée par ces codes couleurs aux tons pastels si caractéristique à la firme Californienne, qui vous permet, via votre scanner, d’importer du texte depuis un support papier quelconque.

Le programme est disponible de manière locale (couplée à l’installation de Google Desktop Search) ou en ligne (sur www.google.com/ocr).

Une fois le processus terminé, vous pouvez faire un « cliqué-glissé » sur le texte fraîchement scanné d’une des icônes se trouvant sur le panneau de droite :

o Suggérez un ouvrage, via Google Print, sur base d’un ou de quelques mot-clés de la page ;
o Visualisez la/les destination(s), avec Google Earth, si le texte mentionne une ville ou un lieu ;
o Voir le profil financier/Business des entreprises mentionnées dans le texte via Google Finance ;
o Injecter le texte dans Google Notebook, Google Pages Creator ou l’envoyer par email via Gmail ;
o Le poster directement sous Blogger ; ou l’insérer dans une nouvelle page de Writely ;
o etc.

Comme on peut le constater les possibilités sont extensibles. La liste des interactions ne faisant que s’allonger au fur et à mesure des avancées du géant du Net.

Notez que par extension les images sont aussi concernées. Grâce à Picasa (en local), Picasa Web Albums/Blogger et Hello, les images peuvent-être triées, partagées et publiées (commentées) sans l’ombre d’un doute. Dans cet optique, je me demande ce que Google attend pour mettre la main sur Riya (comme je l’expose dans un précédent billet).

Mais je vous entend déjà me dire : « Tout ça c’est très bien, mais quel est la finalité ? » La finalité est toujours la même : attirer (plutôt fidéliser) une clientèle (toujours plus volatile), c à d, nous, les internautes, pour valoriser ces fameux liens publicitaires qui font la fortune du géant (aux pieds d’argiles).

Et au passage, voler la vedette la Micro$oft. Je veux dire, c’est une tactique un tant soit peut plus active que de se plaindre pour abus de position dominante (même si Google aura finalement le dernier mot).

N’est-ce pas un plus indéniable ? Bien pensé et présenté, je pense sincèrement que oui. Et vous ?

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19 juillet 2006

Foot un jour, foot toujours


Le Monde, Dim 9 - Lun 10 juillet 2006, Penalty contre capitalisme, p. 2.

Si le Portugal a perdu la joie, mercredi soir quand son équipe a encaissé le penalty de Zizou, Nuno Gonçalvez a perdu, lui, des dizaines de milliers d'euros. Il possède une part des contrats de Ricardo Costa, n° 4 dans l'équipe nationale, arrière, 25 ans, joueur du FC Porto. La « valeur» de Costa aurait grimpé en cas d'accession à la finale et plus encore en cas de victoire à la Coupe.

M. Gonçalvez, comme le racontait The Wall Street Journal cette semaine, est à la tête d'un hed­ge fund de 14 millions de dollars qui investit dans le foot. Concrètement, il cofinance l'acquisition par les grands clubs de jeunes joueurs portugais ou brésiliens en espérant que leurs performances permettront, trois ans plus tard, de les revendre à des prix de star. Cet hiver, le fonds a réalisé une très jolie plus-value en cédant la vedette Cristia­no Ronaldo à Manchester United pour 19,2 mil­lions de dollars. M. Gonçalvez l'avait repéré à 16 ans dans l'école de formation du Sporting Lis­bonne, et il avait pris 35 % du joueur, dont la « valeur» était estimée alors à 640 000 dollars.

Les hedge funds investissent tout. Le foot com­me le vin, les timbres comme la Bourse. Repérer les valeurs montantes avant les autres et les ache­ter, ou les valeurs descendantes avant les autres et les vendre, voilà la philosophie. Avec une métho­de : les fonds ne détiennent pas les titres, ils les empruntent. Ils ne réalisent l'achat qu'à la fin, lors­qu'ils dénouent l'opération. L'effet de levier est maximal, et ils ne supportent pas l'intégralité du risque.

Leurs bons résultats ont fait leur succès. Les hedge funds, en français « fonds spéculatifs » ou « fonds de gestion alternative », sont nés à la mar­ge. Mais ils occupent aujourd'hui une place consi­dérable dans le monde financier. Ils gèrent envi­ron 1 200 milliards de dollars, le double d'il y a cinq ans. On compterait 8 500 fonds dans le mon­de. Cette industrie influence les banques, qui s'y mettent, et grandit vite. Elle commence à gérer les actifs des particuliers et plus seulement ceux des autres acteurs financiers (banques, fonds de retrai­te ... ). « Certains jours, les hedge Junds représentent jusqu'à un tiers des transactions boursières à Lon­dres ou à New York », note le pro­fesseur Olivier Pastré (« Les enjeux économiques et sociaux de l'industrie bancaire », rapport au Comité consulta­tif du secteur financier, avril 2006).

La puissance les a changés. Ils étaient, jusqu'à ces derniers temps, des acteurs passifs, se conten­tant de placer leur argent. Leur poids leur permet aujourd'hui de prendre des participations signifi­catives dans les entreprises cotées pour contester les gestionnaires. Ils réclament un rôle actif chez Time Warner, General Motors, Arcelor-Mittal, ou Deutsche Börse.

En 1999, un hedge fund, Long Terme Capital Management, s'écroule. La Federal Reserve (Fed) qui craint des faillites en cascade se rue à son secours. On découvre subitement le « risque systémique » que ces jeunes créations font courir, par leurs emprunts gigantesques, à l'ensemble des pla­ces financières. La Fed recommande aux banques de ne rien prêter sans solide contrepartie.

Un autre risque apparaît: la faible transparen­ce de ces fonds. Des délits d'initiés font scandale. Le système de rémunération, proportionnel aux gains, pousse au crime. La SEC (Securities and Exchange Commission) intervient pour mettre un peu d'ordre et exige, à compter de février, la publi­cation d'un minimum d'informations.

Troisième reproche : le risque extrême. Comme le succès a attiré du monde et comme les emprunts sont devenus plus chers avec la hausse des taux, les marges des hedge funds ont fondu depuis deux ans. D'où une prise de risque de plus en plus grande et une extension à des domaines hasardeux, comme le foot ou le vin.

Les chutes des cours de Bourse en mai et en juin ont fait naître une dernière critique : ces per­tes seraient en partie imputables aux hedge funds dont les algorithmes corrélés accentuent forte­ment les tendances. Plutôt que d'être des moutons noirs iconoclastes et de corriger le grégarisme des marchés financiers, ils sont devenus le gros du troupeau et vont dans le même sens.

Il y a dix jours, sous forte pression des lobbies, un tribunal fédéral américain a bloqué les deman­des d'informations de la SEC. En réponse, le procu­reur général du Connecticut, où nombre de ces fonds sont domiciliés, a répliqué que les hedge funds sont « dans un trou noir juridique ». Il demande aux autorités fédérales de fixer des règles au plus vite.

Faut-il siffler un penalty contre les avant-cen­tres du capitalisme que sont les hedge funds et les réguler? Le débat est relancé. Leurs défenseurs mettent, non sans raison, leur utilité en avant. Ils ne font, après tout, qu'un travail de financier pre­nant des risques. Réguler serait coûteux, comple­xe et, en définitive, guère possible. Mais, dans l'autre sens, les pressions contre ces monstres du capitalisme moderne grandissent.

Depuis vingt-cinq ans et le début de la libérali­sation des marchés financiers, les Etats n'ont eu de cesse que de lever une à une les restrictions à l'innovation financière. L'adoption de lois desti­nées à limiter les hedge funds marquerait un tour­nant radical. Il y a peu de chances. Mais il faudrait, quoi qu'il en soit, exiger plus de transparence.

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