30 décembre 2005

Tranches de vie made in Belgium

Pour la nouvelle année qui commence, je vous propose un petit détour en arrière afin de mieux appréhender quelque-uns des enjeux de demain.

ENVIRONNEMENT >



Le Soir "Le climat laisse les Belges de glace" 21/12/2005
Réalisé cet automne auprès d'un échantillon de 1.511 personnes, ce copieux sondage se penche sur la perception des causes, des conséquences et des moyens d'agir contre le réchauffement qui affecte la planète.

[…] Seul, un quart de la population mesure que les conséquences les plus graves ont déjà lieu dans les pays les plus pauvres.

[…] Aspect le plus intéressant de cette enquête, la grande majorité des Belges pointe d'une manière disproportionnée l'industrie comme la principale responsable (71%) des modifications climatiques. Or, dans les faits, l'industrie ne représente qu'1/3 du gâteau des émissions de gaz à effet de serre. La part des transports privés et des activités domestiques est sous-estimée par la population. Ces deux secteurs occupent pourtant 18 et 22% des émissions en Belgique et sont en croissance contrairement à l'industrie.

[…] Peu enclin à reconnaître sa co-responsabilité, le Belge se dit pourtant inquiet. Et l'environnement, au sens large, apparaît comme son premier facteur de préoccupation (79%) devant les questions de santé (77%), de pauvreté (75%) ou de croissance économique (55%).

[…] Hors les transports aériens (64%), la majorité de la population est peu encline à délier les cordons de la bourse pour des biens et des services qui seraient moins nocifs à l'environnement : traitement des déchets (41%), voitures propres (34%), alimentation (25%), chauffage (14%). Les citoyens estiment par contre qu'il incombe au gouvernement [d'améliorer la situation]. Dans le même temps, plus d'un Belge sur deux ignore les nombreuses possibilités de déduction fiscale et d'aides régionales à ce sujet (chauffage, voiture…)

VIE >



Le Soir "Les mariages mixtes à la traîne" 6/12/2005
Selon les derniers chiffres publiés par l'Institut national des statistiques (INS), les mariages mixtes sont en diminution en chiffres absolus. Toutefois, en pourcentage, ces fluctuations restent très marginales. Le nombre de flamandes ayant convolé en justes noces avec un Wallon est en très léger recul : 132 mariages mixtes célébrés en 1999, 130 en 2000, 128 en 2001 et 119 en 2002.

Le nombre de Flamandes ayant choisi un Bruxellois est près de deux fois supérieur : 252 en 1999, 248 en 2000, 216 en 2001 et 254 en 2002. L'écrasante majorité des Flamandes choisissent leur mari au sein de leur communauté : 95% d'entre elles, bon an mal an, préfèrent mettre la bague au doigt à un habitant au Nord du pays.

Cet exercice livre des enseignements comparables pour les femmes du Sud du pays : 1% du total des mariages concerne une épouse Wallonne et un Flamand. Les Bruxellois sont deux fois plus nombreux que les Flamands à épouser une Wallonne. Comme les Flamandes, les Wallonnes jettent largement leur dévolu sur des hommes de leur Région : 93% ont choisi d'unir leur destin à un citoyen wallon.

Les Bruxelloises sont moins exclusives : si trois sur quatre choisissent d'épouser un Bruxellois, plus de 4% d'entre elles leur ont préféré un Wallon ou un Flamand, en 2002 et 14% se sont unies à un citoyen étranger. […]

CONSOMMATION >



Le Soir "Le Belge dépense toujours plus, mais pas n'importe comment" 21/12/2005
[…] En 2004, [les Belges] ont sorti de leur portefeuille en moyenne 30.607 euros. C'est 4% de plus qu'en 2002, date de la première étude sur le budget des ménages. Mais c'est surtout deux fois plus qu'en 1978. "Nous n'en sommes pas toujours conscients mais nous n'avons jamais été aussi riche", s'exclame Ivan Van De Cloot, économiste chez ING. Du moins en moyenne…

Le Belge dépense davantage donc mais de façon raisonnable. Il sort de sa poche 30.607 euros par an tout en gagnant 35.165, ce qui veut dire qu'il consacre 13% de son revenu à l'épargne. Ce n'est pas rien. "La Belgique est l'un des pays au monde où le taux d'épargne est le plus élevé, […] Cette attitude est à mettre en relation avec la hauteur de la dette publique belge. Plus un Etat est endetté, plus la population a tendance à mettre de côté."

[Ensuite] la plus grosse partie des dépenses […] est affectée au logement. En moyenne, près de 21% du budget d'un ménage sert ainsi à payer le loyer ou à rembourser un prêt hypothécaire. Ce pourcentage reste stable par rapport aux années précédentes. "Puisque les taux d'intérêt ont fortement diminué durant cette période, cela signifie que les Belges ont emprunté beaucoup plus que les années précédentes", analyse Marc Vandercammen […]

Deuxième budget en importance, l'alimentation représente 12,2% des dépenses du ménage belge moyen. Sur le long terme, sa part relative ne cesse de s'éroder. Tout le contraire du budget transport, dopé par l'envolée des prix pétroliers. Avec un poids de 13,4%, il n'est plus très loin d'égaler le poste d'alimentation. On notera aussi que le Belge consacre 8,6% de son budget à la culture et aux loisirs, contre 4,9% pour le chauffage, l'éclairage et l'eau et 4,7% pour les soins de santé. […]

[…] Entre 1978 et 2004, le poste "culture, loisirs et enseignement" passe de 909 euros par an et par ménage à 2.631 euros. Trois fois plus, donc, en moins de 20 ans. Par rapport à 2002, c'est 100 euros de plus par ménage. Cette augmentation de budget ne signifie pas un regain d'affluence aux événements culturels : le budget consacré aux musées et spectacles, comme celui affecté aux jeux et paris, diminue. En revanche, le ménage Belge dépense toujours plus d'argent pour les postes "télévision, appareil photo et ordinateur". […]

VIE & MORT >

Le Soir "Le Centre de prévention du suicide lance un appel" 27/12/2005
Pour mesurer l'ampleur du fléau, il convient de méditer sur quatre constats qui donnent le frisson. Chaque jour, le suicide tue 7 personnes en Belgique. Chaque année, on recense un total de 20.000 tentatives, "ratées" ou "réussies". Le suicide est encore la première cause de mortalité chez les jeunes adultes. Quant aux personnes âgées, elles subissent un taux record de suicides, 4 à 5 fois supérieur à la moyenne nationale. En clair, le fait de se donner la mort n'est plus un fait divers. Mais un phénomène de société qui peut frapper à toutes les portes de notre édifice social.

[…] Avec 12.642 appels reçus en 1998 et 23.720 en 2003, l'activité du Centre a effectivement doublé. Plusieurs types d'appels sont répertoriés : les appels de crise (20%), les tentatives de suicide en cours (250 à 350 par an), les appels pour un tiers (5%), les appels de soutien et de compagnie (25%), les appels muets (27%), les blagues (16%) et les appels d'ordre sexuel (6%). […]



Et pour terminer sur une note positive :
  • Jacques Brel a été élu Le Plus Grand Belge pour la partie francophone du pays, les néerlandophones ayant choisi le père Damien.
  • L'exposition Made in Belgium, qui célèbre les 175 ans de notre royaume, fermera ses portes en février prochain. Dépêchez-vous !
Bonne année à toutes et à tous !

29 décembre 2005

Les dangers de l'utilitarisme



Une brève de MFI du 20 décembre 2005 annonce que :
D’après la revue Science, environ 20 % des gènes humains sont brevetés. Un état révélé par les travaux de Kyle Jensen et Fiona Murray, deux chercheurs du MIT (Massachusetts Institute of Technology), qui ont croisé la base de données de l’Office américain des brevets et celle du NCBI (National Center for Biotechnology Information), laquelle contient les séquences des 23 688 gènes humains documentés. Une comparaison qui a permis de révéler que sur l’ensemble de ces gènes, 4 382 séquences étaient déjà brevetées, pour un total de 4 270 brevets. Les Etats-Unis, secteur privé et institutions publiques confondus, détiennent à eux seuls environ 78 % des brevets sur ces séquences génétiques humaines. Une situation alarmante pour Michel Vivant, professeur de droit à l’université Montpellier-I et spécialiste de la propriété intellectuelle des créations immatérielles, qui explique que « en Europe, nous avons la notion – certes un peu vague – de "l'effet technique" que doit remplir une invention pour être brevetable, alors qu’aux Etats-Unis, il n’y a qu’une exigence d’utilité... »
Tout ne serait donc que marchandise ? C'est là une doctrine très implantée outre-atlantique, et qui se confond à merveille dans le darwinisme comme le souligne Axel Kahn dans son livre ("Et l'homme dans tout ça?", p. 80) :
"Hédonisme, individualisme, liberté maximale vis-à-vis de toute loi régulatrice extérieure ou intérieure aux individus et à leurs entreprises, appréciation de la valeur de celles-ci et des moyens qu’elles mettent en œuvre seulement en fonction de leurs résultats, constituent en effet un corpus d’une impressionnante cohérence sur lequel se fonde le libéralisme, qui saura aussi se couler avec délectation dans la théorie darwinienne de l’évolution."
Pour finir, notez enfin que (p. 74) :
Le mot « valeur » lui-même renvoie indistinctement à une référence éthique ou à une plus-value boursière ou marchande.
Ce qui en dit long. Toujours cette notion d'utilité qui doit primer sur tout le reste (d'où l'appellation : utilitarisme).

ALLER PLUS LOIN

A méditer en lisant ce billet sur les brevets, ou encore celui-ci sur le clonage.

26 décembre 2005

Résolutions 2006

Dans le bouddhisme :
Témoigne aux autres du même amour, de la même bonté et de la même miséricorde dont tu aimerais être l'objet.

Dans le christianisme :
Fais d'abord aux autres ce que tu voudrais qu'ils te fassent.

Dans le confucianisme :
Conduis-toi envers les autres comme tu aimerais qu'ils se conduisent envers toi-même.

Dans le judaïsme :
N'inflige pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu'ils t'infligent.

Dans l'hindouisme :
N'impose pas à ton voisin ce que tu ne voudrais pas avoir à supporter de lui.

Dans l'islam :
Celui qui ne témoigne pas à son frère ce qu'il aimerait qu'on lui témoigne à lui n'est pas un vrai croyant.

Dans le jaïnisme :
Nous devrions traiter les autres comme nous-mêmes, qu'ils soient dans la joie et le bonheur ou la douleur et la peine.

Dans le parsisme :
Celui qui n'impose pas aux autres ce qui n'est pas bon pour lui, celui-là seul est noble et lumineux.

Dans le taoïsme :
Considère le bonheur et la peine de ton prochain comme s'ils étaient liens et efforce-toi de contribuer à son bien comme au tien.

21 décembre 2005

Quand tu descendras du ciel



Voila quelques faits divers signés Reuters dans la même veine que le film culte :
Braqueurs de banques en Allemagne, pillards en Nouvelle-Zélande, exhibitionnistes en Grande-Bretagne: des Pères Noël peu scrupuleux ont fait mentir cette année la réputation de bonhomie associée au bon gros barbu en costume rouge, ami des enfants.

Brandissant une arme à feu, un homme habillé en Père Noël a braqué un magasin de meubles samedi à Ludwigshafen, en Allemagne, contraignant les deux caissières à lui ouvrir le coffre. Il a rempli son sac d'espèces, a enfermé les deux femmes dans le coffre et a pris la fuite - sans traîneau. Il court toujours.

Grâce à une caméra infrarouge et un hélicoptère, la police de Tübingen, elle, a réussi à capturer un braqueur de banque déguisé lui aussi en Père Noël et armé d'une mitrailleuse. Après une course poursuite, ils l'ont retrouvé caché dans une forêt voisine... sans rennes.

"C'était une fausse mitrailleuse", a déclaré un porte-parole de la police. Vêtu d'un bonnet, d'une barbe blanche et de lunettes de soleil, l'homme était recherché pour le vol de 500.000 euros lors de quatre hold-up.

Un Père Noël a par ailleurs été intercepté par la police alors qu'il venait d'être contrôlé à 150 km/h sur une autoroute du nord de l'Allemagne, soit 50km/h au-dessus de la vitesse maximum autorisée. "Il a dit qu'il était pressé parce qu'il avait encore des cadeaux à livrer", a déclaré un porte-parole de la police, qui lui a infligé une amende et lui a retiré son permis.

La semaine dernière, un Père Noël passablement éméché et à demi-nu a perturbé la féerie d'un marché de Noël de Dabringhausen jusqu'à l'intervention de la police.

A New York, un homme excédé par le mercantilisme de Noël a fait un feu de joie devant sa maison. Il a incendié un faux Père Noël tenant dans sa main une tête de poupée.

L'incident qui peut valoir la palme de l'incivisme au corps des Pères Noël s'est produit toutefois en Nouvelle-Zélande, où le week-end dernier une quarantaine d'entre eux ont semé la zizanie dans le centre-ville, volant des objets dans des magasins et agressant des vigiles pour dénoncer, là encore, les excès commerciaux de la fête de la Nativité.

En Grande-Bretagne, la police recherche un Père Noël au comportement condamnable: il s'est exposé de manière impudique à des femmes. Des policiers de Swanage, sur la côte sud de l'Angleterre, ont fait savoir que cet exhibitionniste avait sévi plusieurs fois depuis le 6 décembre et qu'une semaine plus tard il l'avait fait vêtu - et encore, pas tout à fait... - d'un habit de Père Noël.

Pour s'attaquer au problème, une agence britannique a récemment édicté un code de conduite destiné à affiner le recrutement des Pères Noël. "Le Père Noël est un personnage magique et attachant, pas une loque puante", souligne James Lovell, de Ministry of Fun, une agence basée à Londres. "Il ne doit pas sentir l'alcool ni la transpiration." Selon la presse, cela n'a pas empêché récemment un Père Noël de faire pleurer des enfants, à Londres, en les insultant.


Et quand il ne braque pas les banques, le Papa Noël se transforme en publicité pour Coca !
Au XXe siècle, il devient représentant de commerce de la société de consommation américaine. Une firme de sodas, Coca-Cola, contribue à le rendre populaire au-delà des Etats-Unis en l'utilisant dans ses publicités, en 1930 puis en 1950. Certains Européens vont même croire que c'est Coca-Cola qui est à l'origine des couleurs rouge et blanche du Père Noël !
Un moyen diabolique d'augmenter ses ventes au cours d'une période où le roi soda se fait trop timide...



Et à côté de tout cela, imaginez le nombre de forêts rasées, les fortunes dépensées et les légions de dindes (entre autres) engloudies pour un homme qui n'a jamais rien demandé de tel ! Pouvoir des symboles quand tu nous tiens...

Mais où se cache la magie des Noëls d'antan ?

19 décembre 2005

Tu parles !

Rendez-vous compte : il n'existerait pas moins de 6.000 à 7.000 langues dans le monde ! Quelle richesse !


(Courrier International HS "Cause toujours!", p. 22).

Mais cette richesse est inégalement répartie. Fait intéressant, ce constat trouve son paroxisme sur le Net puisque moins d'une centaine seraient prises en compte sur le réseau des réseaux. Curieux paradoxe, mais somme toute assez prévisible, au vu de l'hégémonie de certaines grandes nations (mais le Net a ceci de particulier qu'il y a toujours une résistance qui s'organise).

Une richesse aussi en péril, comme nous l'atteste l'Atlas du Monde Diplomatique ("Hégémonie des grandes langues", p. 15).
Le nombre de langues diminue, depuis le XVIe siècle au moins, avec les conquêtes et la constitution des Etats-nations en Europe qui ont diffusé l'unilinguisme. L'assimilation peut être douce (écoles, médias), ou brutale (conquête, éradication). Des prévisions pessimistes, fondées sur le rythme actuel des extinctions, annoncent la fin de 4 500 langues d'ici un siècle [...]
Une menace si pesante que l'UNESCO a ouvert un portail dédié à cette sauvegarde d'un genre un peu particulier :
Les langues sont sans doute la plus grande création du génie humain et chaque langue témoigne d'une façon unique de la faculté linguistique de l'humanité [...]
  • Plus de 50% des 6000 langues du monde sont en danger de disparition
  • 96% des 6000 langues au monde sont parlées par 4% de la population mondiale
  • 90% des langues au monde ne sont pas représentées sur Internet
  • 1 langue disparaît en moyenne toutes les deux semaines
  • 80 % des langues africaines n’ont pas de transcription écrite
A côté de cela, il y a les langues qui "trinquent" et celles qui font leur apparition (les fast-languages pour utiliser un néologisme, par analogie avec le fast-food).

Quelle langue parlerons-nous au XXIe siècle ? Voilà une discussion sur laquelle personne n'aura le dernier mot !

EN SAVOIR PLUS

Lexilogos | Project Phonethica

Le Monde
La mondialisation menace la planète Babel

CNRS
Le Trésor de la Langue Française Informatisé

Jean Véronis
Le hezhe survivra-t-il ?