06 juin 2006

Soldat et consultant marketing



Depuis des temps immémoriaux, l'homme a appris à jouer avec l'état psychologique de son adversaire pour tenter de saper le moral de ces troupes et maintenir celui de ses alliés. Au Moyen Age par exemple, les assiégés avaient coutume de jeter des cochons vivants du haut des remparts pour faire entendre aux assaillants que leurs réserves de nourriture étaient loin d'être épuisées.

De nos jours, où règne en maître l'omniprésence des mass media, l'Art de la guerre a su se renouveler avec son temps.

Exemple explicite avec les PsyOps (opérations psychologiques) ; des outils très branchés et déjà très utilisés pendant la guerre du Golfe épisode I (extraits de "Comment le Pentagone nous vend la guerre" paru dans CulturePub mag 1, p. 88, décembre 2000).


Desert Shield, Restore Hope, Just Cause... qu'il s'agisse d'interventions américaines ou alliées au Panama, en Somalie, au Koweït ou au Kosovo, ces noms de guerre là semblent avoir été marquetés par des petits génies de la pub. "Des noms aussi efficaces n'ont pu être trouvés par hasard, ils ne peuvent découler de l'inspiration d'un chef militaire", suggère Marcel Botton, qui sait de quoi il parle, puisqu'il dirige la société Nomen, spécialisée dans la recherche de noms de marques.

"Prenons l'exemple de Desert Storm. C'est une marque formidable, elle donne envie d'acheter : la tempête est une opération divine, donc sans intervention humaine. C'est un phénomène violent, implacable, mais aussi naturel, propre, quasi-écologique et inéluctable. Le désert implique l'absence de vie humaine, donc pas de morts, ni de blessés. Par ailleurs, il n'y a pas de localisation géographique. On ne dit pas "désert du Golfe". Donc, pas de lieu, pas de victime. C'est une guerre virtuelle."
En résumé, Desert Storm dit exactement le contraire de ce qui s'est réellement passé pendant cette guerre, que d'autres moins bien inspirés auraient pu nommer "Destroy Bagdad". On constate d'ailleurs que plus l'opération militaire est offensive et meurtrière, moins le nom est explicite.

[...]

Les parallèles entre propagande et marketing ne s'arrêtent pas là. Un document très officiel circule au Pentagone. Le "Propaganda Planning Process" est une véritable "copie stratégie" publicitaire publiée depuis 1979 par The Army Headquarter Washington DC. Toute la procédure pour manipuler l'opinion y est soigneusement consignée.
Aujourd'hui, la bibliothèque du soldat consultant en marketing ne cesse de s'étoffer. En témoigne ce dernier manuel (novembre 2005) du parfait "PSYOP" intitulé "Psychological Operations Leaders Planning Guide" (source : Casus Belli).

Bon sang, mais où est passé notre sens critique ?

Comme disait ce bon vieux George Orwell (bientôt dispo sur Pentagon Channel) :
« La guerre c’est la paix. »,
« La liberté c’est l’esclavage »,
« L’ignorance c’est la force ».
A MEDITER EN LISANT

Un billet sur les armes climatiques, info ou intox ?
Le camouflage revisité par la NASA.

LIENS

Diploweb
/ Infoguerre / rewriting.net