17 août 2005

Diviser pour régner (les Médicis)


L'autre jour, je suivais un débat télévisé sur la possible entrée de la Turquie dans l'Union. A l'issue de la rencontre, je note deux choses:
  1. les protagonistes ne savent pas (s')écouter (très énervant, il y a une différence entre partager son opinion et l'imposer avec plus ou moins de conviction médiatique) ;
  2. et ensuite la question posée d'entrée de jeu, assez floue, ne s'est pas éclaircie au fur et à mesure de l'émission.
Bref j'ai perdu mon temps à regarder la TV (pléonasme). Je me suis donc tourné vers le seul média (avec la presse, et encore pas toute) susceptible d'apporter une réponse plus convaincante. Et effectivement, on trouve le côté pile :



ici, le Project for the New American Century qui publie des rapports 'en adéquation avec l'administration Bush'. Entendez: du pré-mâché, qui édicte plutôt ce qu'il convient de ne pas penser. On y retouve un fort relent de la pensée de Zbigniew Brzezinski (oui je sais imprononçable ^^) notamment concentrée dans son ouvrage: The Grand Chessboard - American Primacy and Its Geostrategic Imperatives.

Et puis il y a le côté face.

Sur Diploweb (qui a le mérite d'être plus explicite que le Réseau Voltaire en la matière). Extrait au hasard:
[...] Par ailleurs, au niveau de la population, à chaque fois qu'on a voulu donner de l'extérieur un sens qui n'est pas le sien à une société ou à une communauté, cela s'est traduit par un échec ou une catastrophe. L'européanisation factice de la société turque à travers son incorporation dans l'Union, véritable viol des consciences de la population, ne la rendrait pas plus démocratique ni plus humaniste dans le cadre d'une vision occidentale.

La dé-symbolisation artificielle et imposée directement ou indirectement à une société, engendre de nombreuses déliaisons et le délitement des structures sociales, pour aboutir à un trauma collectif avec de graves conséquences que l'Europe et l'Etat turc ne prennent malheureusement pas en compte.

Le journal Radikal d'Istanbul ne disait-il pas dans son éditorial de janvier 2003 : "Sur quoi se fonde-t-on et quels arguments utilise-t-on pour justifier l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne ?" D'après lui, le slogan, "le salut de la Turquie se trouve dans l'adhésion", est un non sens qui débouche sur le regroupement d'individus et de collectivités qui ont des visions du monde contradictoires [...]
Visions du monde... C'est bien de ça dont il s'agit. Je vous recommande chaudement l'article dans sa totalité, car il est très instructif (il explique que la Turquie serait une sorte de cheval-de-Troie made in USA). Et ce n'est pas Infoguerre qui va nous dire le contraire...

Pour couronner le tout, on dirait que les cartes ne nous sont pas très favorables o:-)

Plus sérieusement, n'hésitez pas à regarder l'émission 'Le dessous des cartes' (Arte), c'est un bon moyen d'y voir -géostratégiquement parlant- plus clair (notez que l'émission s'est dotée d'un Atlas géopolitique).