Mon carnet de notes
31 août 2006
28 août 2006
Bas les masques !
Le Monde, Vendredi 11 août 2006, Cherchez l'horreur, p. 28.
Le débat sur les Lumières a engendré comme fils, plus ou moins légitime, le débat sur le jeu. J'avoue que j'ai éprouvé une sensation d'ennui. J'avais écrit comme une chose d'évidence que l'un des besoins humains fondamentaux, en plus de la nourriture, du sommeil, de l'affection et de la connaissance, est le jeu, et j'ai vu l'idée me revenir comme une « provocation » de ma part. Eh ! Du calme ! Comme si personne ne s'était jamais aperçu que les enfants, les chatons et les chiots s'expriment surtout dans le jeu et comme si, à côté de la définition de l'homme comme animal rationale, ne circulait pas depuis longtemps celle d'homo ludens.
Parfois, on a l'impression que les mass médias découvrent toujours l'eau chaude. Après, cependant, à bien y réfléchir, il faut admettre que « redécouvrir» l'eau chaude est l'une de leurs fonctions fondamentales. Un journal ne peut pas sortir comme ça, à l'improviste, en disant que cela vaut la peine de lire Les Fiancés de Manzoni. il doit attendre que paraisse une nouvelle édition des Fiancés et titrer ensuite sur plusieurs colonnes : Modes culturelles. Le retour de Manzoni. il a tout à fait raison d'agir ainsi parce que, parmi ses lecteurs, il y a ceux qui avaient oublié Manzoni et beaucoup de jeunes qui en savent bien peu. C'est une façon de dire que, comme désormais les jeunes croient que l'eau chaude coule naturellement du robinet, il faut de temps en temps trouver un prétexte pour rappeler que, afin de l'obtenir, il faut la faire chauffer ou aller la chercher sous terre.
Bon, d'accord, parlons encore du jeu. En relisant les diverses interventions parues dans ce journal, je me suis rendu compte que, de différentes façons, elles renvoyaient toutes à une profonde mutation anthropologique qui pèse sur nous. Le jeu, comme moment d'activité désintéressée, salutaire pour le corps et, comme disaient les théologiens, qui enlève la tristitia due au travail et, certainement, affine nos capacités de compréhension, a besoin, pour être tout cela, d'être une parenthèse. C'est un moment de halte dans un panorama journalier de diverses occupations : pas seulement le dur travail manuel; mais même l'intense conversation philosophique entre Platon et Cébès.
L'un des aspects positifs de la felix culpa est que, si Adam n'avait pas péché, il n'aurait pas dû gagner son pain à la sueur de son front et, à musarder toute la journée dans l'Eden, il serait resté un gamin. C'est là que ressort le caractère providentiel du Serpent. Toutes les civilisations ont cependant réservé quelques jours dans l'année au jeu total. C'était une période de licence, que nous appelons Carnaval et qui, pour d'autres civilisations, est ou a été quelque chose d'autre. Pendant le Carnaval, on joue sans arrêt, mais, pour que le Carnaval soit beau et non pas pénible, il ne doit pas durer longtemps.
Or, l'une des caractéristiques de la civilisation dans laquelle nous vivons est la carnavalisation totale de la vie. Cela ne signifie pas qu'on travaille moins, en laissant faire les machines, parce que l'incitation et l'organisation du temps libre ont été une préoccupation sacrée tant des dictatures que des régimes libéral-réformistes. C'est qu'on a carnavalisé le temps de travail aussi.
Il est facile et évident de parler de carnavalisation de la vie en pensant aux heures passées parle citoyen moyen devant un écran de télévision qui, en dehors des très brefs moments consacrés à l'information, répand surtout du spectacle, et, parmi les spectacles, privilégie désormais ceux qui représentent la vie comme un éternel Carnaval, où des bouffons et dé très belles filles ne lancent pas des confettis mais une pluie de milliards que tout un chacun peut gagner en jouant (et après, nous nous lamentons parce que les Albanais, séduits par cette image de notre pays, font de faux papiers pour venir en ce Lunapark permanent).
Il est facile de parler de Carnaval en pensant à l'argent et au temps consacrés au tourisme de masse qui propose des îles de rêve à des prix charters et qui vous invite à visiter Venise en laissant à la fin de votre mascarade touristique des boîtes de conserve, des papiers froissés, des restes de hot-dogs et de moutarde, tout à fait comme un Carnaval qui se respecte.
Mais on ne prend pas assez en considération la compète carnavalisation du travail due à ces « objets polymorphes », petits robots serviables qui tendent, en faisant ce que jadis on devait faire soi-même, à faire ressentir le temps où on les utilise comme un temps du jeu.
L'employé qui, devant son ordinateur, en cachette du chef de bureau, fait des jeux de rôle ou visite le site de Playboy, vit un Carnaval permanent. De même, celui qui conduit une voiture qui, maintenant, lui parle, lui indique la route à prendre, l'expose à risquer sa vie en l'incitant à appuyer sur des boutons pour recevoir des informations sur la température, sur ce qu'il reste de carburant, sur sa vitesse moyenne, sur le temps de parcours, vit son Carnaval.
ALLER PLUS LOIN
La vie, un jeu ? Ca me fait penser à une Loterie un peu spéciale. Celle où on peut gagner une... green card (le permis de travail/séjour américain).
o Reality Show Uses Green Card as Bait
o France Service : Immigrer, vivre et travailler aux U.S.
o Green card. en ligne
o Posez votre candidature ici
Show must go on...
Ecole, révise ta copie
Le Monde, Mardi 25 juillet 2006, Silence, on privatise !, p. 2.
Pour la deuxième année consécutive, l'Union nationale des étudiants de France (UNEF) a publié son palmarès des « universités hors la loi ». Une sorte de liste noire des établissements qui ne respectent pas le barème des frais d'inscription prévus par la loi pour la prochaine année universitaire: 162 euros en licence, 211 euros en master et 320 euros en doctorat. Selon le principal syndicat étudiant, dont le « palmarès» n'a pas été démenti par le ministère de l'éducation nationale, une cinquantaine d'universités sur un total de quatre-vingt-une se seraient placées dans l'illégalité. La plupart du temps, les dépassements sont modestes. Il s'agit de quelques dizaines d'euros siphonnés au passage à chaque étudiant en échange de prestations banales: frais de dossier, accès à la bibliothèque, possibilité d'utiliser les photocopieuses, etc. Mais il arrive aussi que ces frais d'inscription gonflent au point d'atteindre plusieurs milliers d'euros. Le cas le plus frappant est celui de l'université d'Aix-Marseille-III qui demande 3 500 euros en deuxième année de certains masters. D'autres universités font payer 1000 euros l'accès aux cours de préparation d'un concours comme l'Ecole nationale de la magistrature.
Est-ce un scandale ? Les responsables universitaires ont tendance à nuancer. Lorsqu'il s'agit de petites augmentations, ils mettent en avant les nécessités de gestion. Le président de l'université de Bretagne occidentale avait fait valoir, en 2005, que c'était pour lui la seule manière « d'éviter la clochardisation » de son établissement. Yannick Vallée, premier vice-président de la Conférence des présidents d'université, renvoie la responsabilité de la situation au manque d'investissement dans les universités. Lorsqu'il s'agit de sommes beaucoup plus importantes - de 400 à 3 500 euros -, le discours change. Le président d'Aix-Marseille-III, Philippe Tchamitchian, parle de « somme facultative». « Elle permet aux étudiants de bénéficier d'un accompagnement professionnel, sous forme d'aide à l'orientation, de participer à des ateliers sur l'emploi et d'être en contact avec des recruteurs », [...] Mais n'est-ce pas ce que tout étudiant devrait pouvoir obtenir sans contrepartie financière ? En réalité, on assiste à un double phénomène. D'abord, les révélations de l'UNEF montrent que l'université renonce progressivement à des principes d'égalité que l'on croyait intangibles pour accepter des règles financières hors normes. C'est non seulement le niveau, mais aussi l'esprit qui a changé. L'université se privatise en douceur et en silence. Les études se paient au prix fort et le fait que plusieurs centaines de milliers d'étudiants bénéficient de bourses modifie peu la donne. Ensuite, au fil des années, la médiocre qualité de l'enseignement universitaire a permis, sur ses marges, la création d'un système de formation payant et prospère. La plupart des étudiants qui passent un concours s'inscrivent ainsi tout à la fois à l'université et dans un institut privé de bachotage pour réunir les meilleures chances de réussir. Aux frais d'inscriptions évoqués ci -dessus s'ajoutent donc des frais encore plus lourds.
Est-ce si grave? Non, si l'on en juge par l'absence de mobilisation des universitaires. Le monde enseignant, si prompt à lutter contre un tigre de papier, comme le contrat première embauche (CPE), semble accepter le nouveau cours des choses. Silence, on privatise ! Et l'on privatise d'autant plus vite que le système est obsolète, rongé par le corporatisme. Cet effondrement de l'intérieur, en dépit d'une concentration de moyens et d'hommes de qualité, fera un jour l'objet d'études dans une université remodelée. Et l'on comptera l'échec de l'université française comme l'un des plus graves revers de la V République. Mai-68 avait donné l'alerte. Personne n'a depuis entendu le tocsin.
Voir aussi : Délit d'initié culturel & Internet autodidacte
24 juillet 2006
Pourquoi Google devrait acquérir un OCR
Tout d’abord, qu’est-ce qu’un OCR (ROC en français) ? Réponse ici.
Maintenant, imaginez ceci : vous lancez cet OCR made in Google et que voyez-vous ? Une fenêtre très allégée, claire et simple, délimitée par ces codes couleurs aux tons pastels si caractéristique à la firme Californienne, qui vous permet, via votre scanner, d’importer du texte depuis un support papier quelconque.
Le programme est disponible de manière locale (couplée à l’installation de Google Desktop Search) ou en ligne (sur www.google.com/ocr).
Une fois le processus terminé, vous pouvez faire un « cliqué-glissé » sur le texte fraîchement scanné d’une des icônes se trouvant sur le panneau de droite :
o Suggérez un ouvrage, via Google Print, sur base d’un ou de quelques mot-clés de la page ;
o Visualisez la/les destination(s), avec Google Earth, si le texte mentionne une ville ou un lieu ;
o Voir le profil financier/Business des entreprises mentionnées dans le texte via Google Finance ;
o Injecter le texte dans Google Notebook, Google Pages Creator ou l’envoyer par email via Gmail ;
o Le poster directement sous Blogger ; ou l’insérer dans une nouvelle page de Writely ;
o etc.
Comme on peut le constater les possibilités sont extensibles. La liste des interactions ne faisant que s’allonger au fur et à mesure des avancées du géant du Net.
Notez que par extension les images sont aussi concernées. Grâce à Picasa (en local), Picasa Web Albums/Blogger et Hello, les images peuvent-être triées, partagées et publiées (commentées) sans l’ombre d’un doute. Dans cet optique, je me demande ce que Google attend pour mettre la main sur Riya (comme je l’expose dans un précédent billet).
Mais je vous entend déjà me dire : « Tout ça c’est très bien, mais quel est la finalité ? » La finalité est toujours la même : attirer (plutôt fidéliser) une clientèle (toujours plus volatile), c à d, nous, les internautes, pour valoriser ces fameux liens publicitaires qui font la fortune du géant (aux pieds d’argiles).
Et au passage, voler la vedette la Micro$oft. Je veux dire, c’est une tactique un tant soit peut plus active que de se plaindre pour abus de position dominante (même si Google aura finalement le dernier mot).
N’est-ce pas un plus indéniable ? Bien pensé et présenté, je pense sincèrement que oui. Et vous ?
ALLER PLUS LOIN
o Le buzz sur le rachat d'Olive Software par Google himself
o La-dite technologie en Live
19 juillet 2006
Foot un jour, foot toujours
Le Monde, Dim 9 - Lun 10 juillet 2006, Penalty contre capitalisme, p. 2.
Si le Portugal a perdu la joie, mercredi soir quand son équipe a encaissé le penalty de Zizou, Nuno Gonçalvez a perdu, lui, des dizaines de milliers d'euros. Il possède une part des contrats de Ricardo Costa, n° 4 dans l'équipe nationale, arrière, 25 ans, joueur du FC Porto. La « valeur» de Costa aurait grimpé en cas d'accession à la finale et plus encore en cas de victoire à la Coupe.
M. Gonçalvez, comme le racontait The Wall Street Journal cette semaine, est à la tête d'un hedge fund de 14 millions de dollars qui investit dans le foot. Concrètement, il cofinance l'acquisition par les grands clubs de jeunes joueurs portugais ou brésiliens en espérant que leurs performances permettront, trois ans plus tard, de les revendre à des prix de star. Cet hiver, le fonds a réalisé une très jolie plus-value en cédant la vedette Cristiano Ronaldo à Manchester United pour 19,2 millions de dollars. M. Gonçalvez l'avait repéré à 16 ans dans l'école de formation du Sporting Lisbonne, et il avait pris 35 % du joueur, dont la « valeur» était estimée alors à 640 000 dollars.
Les hedge funds investissent tout. Le foot comme le vin, les timbres comme la Bourse. Repérer les valeurs montantes avant les autres et les acheter, ou les valeurs descendantes avant les autres et les vendre, voilà la philosophie. Avec une méthode : les fonds ne détiennent pas les titres, ils les empruntent. Ils ne réalisent l'achat qu'à la fin, lorsqu'ils dénouent l'opération. L'effet de levier est maximal, et ils ne supportent pas l'intégralité du risque.
Leurs bons résultats ont fait leur succès. Les hedge funds, en français « fonds spéculatifs » ou « fonds de gestion alternative », sont nés à la marge. Mais ils occupent aujourd'hui une place considérable dans le monde financier. Ils gèrent environ 1 200 milliards de dollars, le double d'il y a cinq ans. On compterait 8 500 fonds dans le monde. Cette industrie influence les banques, qui s'y mettent, et grandit vite. Elle commence à gérer les actifs des particuliers et plus seulement ceux des autres acteurs financiers (banques, fonds de retraite ... ). « Certains jours, les hedge Junds représentent jusqu'à un tiers des transactions boursières à Londres ou à New York », note le professeur Olivier Pastré (« Les enjeux économiques et sociaux de l'industrie bancaire », rapport au Comité consultatif du secteur financier, avril 2006).
La puissance les a changés. Ils étaient, jusqu'à ces derniers temps, des acteurs passifs, se contentant de placer leur argent. Leur poids leur permet aujourd'hui de prendre des participations significatives dans les entreprises cotées pour contester les gestionnaires. Ils réclament un rôle actif chez Time Warner, General Motors, Arcelor-Mittal, ou Deutsche Börse.
En 1999, un hedge fund, Long Terme Capital Management, s'écroule. La Federal Reserve (Fed) qui craint des faillites en cascade se rue à son secours. On découvre subitement le « risque systémique » que ces jeunes créations font courir, par leurs emprunts gigantesques, à l'ensemble des places financières. La Fed recommande aux banques de ne rien prêter sans solide contrepartie.
Un autre risque apparaît: la faible transparence de ces fonds. Des délits d'initiés font scandale. Le système de rémunération, proportionnel aux gains, pousse au crime. La SEC (Securities and Exchange Commission) intervient pour mettre un peu d'ordre et exige, à compter de février, la publication d'un minimum d'informations.
Troisième reproche : le risque extrême. Comme le succès a attiré du monde et comme les emprunts sont devenus plus chers avec la hausse des taux, les marges des hedge funds ont fondu depuis deux ans. D'où une prise de risque de plus en plus grande et une extension à des domaines hasardeux, comme le foot ou le vin.
Les chutes des cours de Bourse en mai et en juin ont fait naître une dernière critique : ces pertes seraient en partie imputables aux hedge funds dont les algorithmes corrélés accentuent fortement les tendances. Plutôt que d'être des moutons noirs iconoclastes et de corriger le grégarisme des marchés financiers, ils sont devenus le gros du troupeau et vont dans le même sens.
Il y a dix jours, sous forte pression des lobbies, un tribunal fédéral américain a bloqué les demandes d'informations de la SEC. En réponse, le procureur général du Connecticut, où nombre de ces fonds sont domiciliés, a répliqué que les hedge funds sont « dans un trou noir juridique ». Il demande aux autorités fédérales de fixer des règles au plus vite.
Faut-il siffler un penalty contre les avant-centres du capitalisme que sont les hedge funds et les réguler? Le débat est relancé. Leurs défenseurs mettent, non sans raison, leur utilité en avant. Ils ne font, après tout, qu'un travail de financier prenant des risques. Réguler serait coûteux, complexe et, en définitive, guère possible. Mais, dans l'autre sens, les pressions contre ces monstres du capitalisme moderne grandissent.
Depuis vingt-cinq ans et le début de la libéralisation des marchés financiers, les Etats n'ont eu de cesse que de lever une à une les restrictions à l'innovation financière. L'adoption de lois destinées à limiter les hedge funds marquerait un tournant radical. Il y a peu de chances. Mais il faudrait, quoi qu'il en soit, exiger plus de transparence.
Poursuivre la réflexion avec d'autres billets
o Les dangers de l'utilitarisme
o Fatigué des brevets
o Guerre économique et labos
06 juin 2006
Soldat et consultant marketing
Depuis des temps immémoriaux, l'homme a appris à jouer avec l'état psychologique de son adversaire pour tenter de saper le moral de ces troupes et maintenir celui de ses alliés. Au Moyen Age par exemple, les assiégés avaient coutume de jeter des cochons vivants du haut des remparts pour faire entendre aux assaillants que leurs réserves de nourriture étaient loin d'être épuisées.
De nos jours, où règne en maître l'omniprésence des mass media, l'Art de la guerre a su se renouveler avec son temps.
Exemple explicite avec les PsyOps (opérations psychologiques) ; des outils très branchés et déjà très utilisés pendant la guerre du Golfe épisode I (extraits de "Comment le Pentagone nous vend la guerre" paru dans CulturePub mag 1, p. 88, décembre 2000).
Desert Shield, Restore Hope, Just Cause... qu'il s'agisse d'interventions américaines ou alliées au Panama, en Somalie, au Koweït ou au Kosovo, ces noms de guerre là semblent avoir été marquetés par des petits génies de la pub. "Des noms aussi efficaces n'ont pu être trouvés par hasard, ils ne peuvent découler de l'inspiration d'un chef militaire", suggère Marcel Botton, qui sait de quoi il parle, puisqu'il dirige la société Nomen, spécialisée dans la recherche de noms de marques.
"Prenons l'exemple de Desert Storm. C'est une marque formidable, elle donne envie d'acheter : la tempête est une opération divine, donc sans intervention humaine. C'est un phénomène violent, implacable, mais aussi naturel, propre, quasi-écologique et inéluctable. Le désert implique l'absence de vie humaine, donc pas de morts, ni de blessés. Par ailleurs, il n'y a pas de localisation géographique. On ne dit pas "désert du Golfe". Donc, pas de lieu, pas de victime. C'est une guerre virtuelle."Aujourd'hui, la bibliothèque du soldat consultant en marketing ne cesse de s'étoffer. En témoigne ce dernier manuel (novembre 2005) du parfait "PSYOP" intitulé "Psychological Operations Leaders Planning Guide" (source : Casus Belli).
En résumé, Desert Storm dit exactement le contraire de ce qui s'est réellement passé pendant cette guerre, que d'autres moins bien inspirés auraient pu nommer "Destroy Bagdad". On constate d'ailleurs que plus l'opération militaire est offensive et meurtrière, moins le nom est explicite.
[...]
Les parallèles entre propagande et marketing ne s'arrêtent pas là. Un document très officiel circule au Pentagone. Le "Propaganda Planning Process" est une véritable "copie stratégie" publicitaire publiée depuis 1979 par The Army Headquarter Washington DC. Toute la procédure pour manipuler l'opinion y est soigneusement consignée.
Bon sang, mais où est passé notre sens critique ?
Comme disait ce bon vieux George Orwell (bientôt dispo sur Pentagon Channel) :
« La guerre c’est la paix. »,A MEDITER EN LISANT
« La liberté c’est l’esclavage »,
« L’ignorance c’est la force ».
Un billet sur les armes climatiques, info ou intox ?
Le camouflage revisité par la NASA.
LIENS
Diploweb / Infoguerre / rewriting.net
30 mai 2006
Googlez le Monde
Il y a quelques mois de cela (novembre 2005) je postais un billet sous Google Groups au sujet d’un nouveau service que Google pourrait mettre sur pied (pour l’occasion je l’avais baptisé « Google Dashboard »).
Le but était de créer un portail qui représente de manière claire et concise les grands débats de notre société. Un « baromètre de la Démocratie » en quelque sorte.
Ce message n’était rien de plus que la version moderne de la bouteille que l’on jette à la mer en guettant une hypothétique réaction.
Justement la voici cette réaction puisqu’en surfant à l’improviste sur Google Vidéo je fus étonné de tomber sur ceci :
Ce souhait porte désormais un nom. Il s’appelle Gapminder.
Il s'agit (entre autre) d'une application en flash qui permet de comparer diverses données liées aux développements humains (par exemple les statistiques proviennent du rapport « World Development Indicators »).
Je pense sincèrement que cette démarche sera instructive (dans un premier temps faites vous une idée en regardant la vidéo) et qu’elle permettra sûrement de mieux appréhender et de décortiquer certains problèmes récurrents.
C’est aussi l’occasion de manipuler un grand nombre de données et de se rappeler que derrière chacune d’elles se trouvent d’autres vies humaines, d'autres histoires, parfois dramatiques.
25 mai 2006
Un jeu d'enfant ?
(Plus d'images ici ).
C’est Stanley Kubrick je pense qui disait en substance que : « tout a déjà été fait, maintenant il faut juste faire mieux. »
Le court métrage « Elephants Dream » réalisé en images de synthèse pourrait bien illustrer ce constat. Pourquoi ? Car il s’agit ni plus ni moins du premier film… open source.
D’après Wikipédia :
Le Projet Orange a débuté en septembre 2005, lancé par une équipe de passionnés dans le but de créer un film d'animation en 3D avec le logiciel libre Blender. Le défi est double : tout d'abord réaliser un court métrage, mais aussi prouver les possibilités des logiciels libres de création graphique. L'équipe de créateurs se compose non seulement de modélisateurs venus des quatre coins du monde, mais aussi de développeurs de Blender.Une bien belle manière de « créer un précédent » et de prouver (une fois de plus) la pérennité des logiciels libres (si cela restait encore à prouver).
[…]
Ce projet a un coût de 18 500 € par minute, qu'il faut relativiser avec les coûts d'une telle réalisation : 30 000 € la minute pour une production en Inde et jusqu'à 200 000 € pour une grande production. Le rendu a été réalisé en 125 jours avec 240 serveurs bi-processeur.
[…]
Les instigateurs de ce projet étant des passionnés de l'open source, le court métrage a été mis à disposition sur Internet via BitTorrent depuis le 18 mai 2006, sous licence Creative Commons.
Vis-à-vis de ce blog, ce projet soulève deux questions immédiates :
- - Est-ce le début d’une ère où la complexité sonne le glas des œuvres artistiques individuelles ?
- - Qu’est-ce que l’open source doit encore prouver afin d’être encouragé (sous toutes ses formes) et utilisé (mondialement) comme moyen de production de richesses ?
11 mai 2006
Google reloaded
(Le laboratoire à expérimentations de Google)
Google progresse de plus en plus vite ! J’aime suivre l’évolution de ce géant aux pieds d’argile (dans le sens qu’on lui demande sans cesse de se ré-inventer au point que ses serveurs ne suivent plus ), ne fusse que pour imaginer la réaction de ses concurrents directs.
A ce propos, je suis impatient de tester (parmi tant d’autres) un service que Google a récemment racheté pour son propre compte. Il s’agit de Writely.
En deux mots, une sorte de Word qui introduit la possibilité de collaborer en ligne lors de la rédaction d’un texte.
« Et alors ? » me répond l’internaute dépourvu de toute créativité.
Soit. Faisons l’exercice. Juste pour le style ;)
Imaginons que je découvre via Orkut 2 personnes qui, comme moi, sont fortement attirées par tout ce qui touche à l’intelligence collective. Orkut passe la main à Gtalk et nous voilà connectés, prêt à débattre sur notre sujet favori. La conversation est enregistrée dans Gmail (via Gtalk) et arrive le moment où nous décidâmes de poster sur nos blogs respectifs un texte basé sur les moments forts de cette conversation.
Pas de problèmes ! L’intégration de Writely dans Blogger nous permet de le faire et d’arriver à un texte qui obtient notre consensus à tous (vu que chacun peut le modifier en temps réel). Heureusement qu’il y a un correcteur orthographique (déjà dispo sous Gmail) et un service de traductions. Nous pourrons même fixer le prochain "rendez-vous" via CL2...
Très franchement, il ne faut pas être doué en IAO (Imagination Assistée par Ordinateur(tm)) pour entrevoir la multiplication des possibilités d’utilisation lorsque Google décidera d’entamer une intégration profonde de ses outils.
En revanche ce qui m’étonne davantage, c’est bien de voir Google se lancer dans des outils basés sur le partage et la collaboration : style Co-op. N’est-ce pas une forme de concurrence indirecte à son algorithme génial ? Ou une manière subtile de le renforcer ? Ou est-ce un embryon de réponse face au pari « communautaire » de Yahoo ? Ou encore, est-ce une manière de « beta-tester » sa nouvelle interface ? Face à toutes ces questions, je vous laisse seul juge…
On n’est plus très loin d’une interface similaire à celle que j’avais exposé lors d’un commentaire (enfin!).
Tant qu’on reste dans les spéculations, je me demande ce qu’il advient d’une certaine rumeur (novembre 2005) qui voulait que Google rachète une société possédant des technologies de reconnaissance de formes pour mieux identifier et « tagger » les images/photos. Une manière subtile de contrer la montée en puissance de Flickr et de fortifier la recherche d’images sous Google himself. Depuis, silence radio… Si quelqu’un a des infos là-dessus je suis preneur !
Pour finir, je vous conseille de mettre sur votre page Google ig (page d'accueil personnalisé) les fils rss des sites de journalisme participatif, tels : Fuzz, TapeMoi, Scoopéo, BlogMèmes, etc. Vous ne le regrettrez pas !
Et ah oui, n'oubliez surtout pas de jeter un oeil sur Google Trends.
10 mai 2006
Témoin brûlant
(Wikipédia: Champignon atomique sur la ville de Nagasaki)
Il y a quelques temps de cela on pouvait lire sur Brainflooding un billet sur Tchernobyl (comme si vous y étiez).
Aujourd’hui je suis tombé sur un article ("Eyewitnesses to Hiroshima and Nagasaki") qui montre une autre face de la puissance (destructrice) du nucléaire. Je vous livre, pour poursuivre cette réflexion, le témoignage de Yoshitaka Kawamoto (13 ans à l’époque) :
"One of my classmates, I think his name is Fujimoto, he muttered something and pointed outside the window, saying, "A B-29 is coming." He pointed outside with his finger. So I began to get up from my chair and asked him, "Where is it?" Looking in the direction that he was pointing towards, I got up on my feet, but I was not yet in an upright position when it happened. All I can remember was a pale lightening flash for two or three seconds. Then, I collapsed. I don t know much time passed before I came to. It was awful, awful. The smoke was coming in from somewhere above the debris. Sandy dust was flying around. I was trapped under the debris and I was in terrible pain and that's probably why I came to. I couldn't move, not even an inch. Then, I heard about ten of my surviving classmates singing our school song. I remember that. I could hear sobs. Someone was calling his mother. But those who were still alive were singing the school song for as long as they could. I think I joined the chorus. We thought that someone would come and help us out. That's why we were singing a school song so loud. But nobody came to help, and we stopped singing one by one. In the end, I was singing alone."
A garder en mémoire vis-à-vis du nucléaire en Iran (et se rappeller que le pays qui se prononce le plus contre le nucléaire aujourd'hui est aussi le seul à l'avoir utilisé).
Après tout, ce n’est pas la première fois que l’Histoire se répète
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